On remarque également deux tableaux forts suggestifs en l'honneur du Saint Suaire :
- Une toile due au Chevalier BARBERI représente le linceul offert par des anges à la Très Sainte Trinité, comme pour signifier que l'oeuvre prescrite de la Rédemption a été conduite à bonne fin.
- Une toile, signée du peintre niçois Gioan Gasparo BALDOINO datée du 4 mai 1660 représente une descente de croix avec l'enveloppement de Jésus dans le Linceul. C'est probablement une des plus anciennes représentations picturales du Linceul montrant de quelle manière était disposé le corps dans le linge. A noter que ce tableau est l'un des rares à positionner la main gauche du Christ sur sa main droite, signe que l'artiste a compris le phénomène de symétrie et de miroir lors de l'application du linge sur l'Auguste dépouille.
L’analyse de Luc Thévenon (Musée Masséna)
Gioan Gasparo Baldoino (Nice C. 1590-1669) Fils de peintre, déjà célèbre à Nice, Gio-Ludovico Baldoino (vue cavalière, 1610) ingénieur ducal et peintre, son activité est documentée à partir de 1622.
En 1640, Il devient l’artiste local officiel grâce à l’appui du Gouverneur, le prince Maurice de Savoie : plans de la ville et du château, décors publics religieux et officiels, fresques des appartements du Prince, expert des oeuvres d’art dans la succession d’Honoré II, prince de Monaco, etc...
L’oeuvre Exécutée pour le maître-autel de la chapelle construite en 1657-59 pour les Pénitents Blancs du Saint Suaire, cette toile s’inspire directement des oeuvres de Giulio Clovio, célèbre artiste italien découvreur du Greco et du piémontais Giovanni Battista della Rovere titulaire à partir de 1623, du privilège ducal de diffusion des images du Saint Suaire à Turin.
Datée 1660 – signée en bas à droite – dédicace en bas à gauche.
L’iconographie
Dans un espace céleste paraît la Trinité auréolée d’une lumière, qui suggère l’infini et l’incommensurable du Paradis ; des nuées peuplées d’angelots créent un mouvement tourbillonnant propre à l’esprit baroque.
Dans le registre inférieur, les protagonistes de la Descente de Croix enveloppent le corps où s’abandonnent au thème antique de la douleur funèbre.
L’influence italienne est prépondérante dans le traitement de la lumière comme dans celle de la palette. Les silhouettes gracieuses et les visages allongés aux expression retenues, évoquent encore le Maniérisme romain. Les mouvements, l’éclairage des arrière-plans produisant un effet de lointain, le réalisme des nuées dominantes très théâtrales, situent bien cette oeuvre dans le contexte baroque gênois, toujours sensible à l’empreinte de Guido Reni. |